S02 E05 : Pourquoi les lapins sont tous des salauds ? 

Dans ce nouvel article, nous nous penchons sur le cas de Peter Pan Pan, le lapin de Pamela Target. Pourquoi ? Parce qu’en cette période de Pâques, il nous semblait essentiel de vous expliquer, pourquoi les lapins sont les meilleurs salauds.

Peter Pan Pan le lapin est la fusion improbable entre Le gardien de la caverne de « la quête du Graal » et le « Joker ».
Si vous percutez sur ces deux références, vous êtes bien un enfant de la culture pop dans ses deux extrêmes, iconoclastes-absurde et machiavélico-destructrice.
Mais rentrons un peu dans le détail…

L’effet contraste : Un lapin blanc sauvage et violent à la Monty Python !

«  – So, where is this beast?
– Don’t you see it? It’s there, right in front of you! […] It is the rabbit! »

Les Monty python et l’attaque du lapin du Saint-Graal

Le gardien de la caverne vient, comme vous l’avez sans doute compris, du film « sacré Graal » des six Monty Python, dans le désordre : Graham Chapman (décédé en 1989), Terry Jones, Terry Gilliam, John Cleese, Michael Palin et Eric Idle !
Sortie en salles en 1975, cette comédie absurde filmée par les responsables du Monty Python Flying Circus fut le premier ovni du « nonsense » à débarquer sur les grands écrans britanniques après que la fine équipe ait défrayé la télévision  anglaise de 1969 à 1974. Saviez-vous que, à part Terry Gilliam l’américain, les cinq autres Monty Python sortaient tout droit d’Oxford et Cambridge !

Le long-métrage ayant du mal à trouver son budget, ce sont les rockstars anglaises, qui avaient déjà un pied dans la légende, comme Pink Floyd ou Led Zeppelin, qui ont fourni les deniers manquants pour produire le film, sans avoir aucune de leur musique dedans.

Sacré Graal- Les Monty Python

Cette quête du Graal fut une véritable quête pour les Monty Python, car les épreuves furent nombreuses: tensions entre co-réalisateurs, entre comédiens, entre l’équipe et les distributeurs que le premier montage ne fit pas rire du tout. Il fallut tout reprendre. C’est donc dans la douleur que ce monument du rire fut enfanté. Et dans toute quête, il y a un gardien à passer, un dragon. Pour leur film, les Monty Python firent un choix étonnant, le gardien de la caverne sacrée du Graal est en fait un paisible lapin blanc… Enfin en apparence, puisqu’il se transforme en lapin assoiffé de sang, dévoreur de chevaliers. Et c’est le contraste qui provoque les crises de fou rire.

Et ce lapin sauvage, carnivore, fou furieux qui démantèle tous les chasseurs de Graal, voilà l’essence de notre Peter Pan Pan. Un malade qui va tout détruire. Nous tenions un méchant inspiré, un dément qui veut tout détruire… avec une tête de lapin ! Et nous l’avons doté d’une arme extrême: le pet ! Notre méchant avait donc un ressort comique. Ce sont Bruce et Charwin qui parlent le mieux de Peter Pan Pan dans l’épisode 5 de « Pamela Target » intitulé « Le Pet, mon professeur » :

PTS01E05 : Le pet

Mais tout cela, est-ce bien suffisant pour faire un méchant complètement décalé ? Il manque encore quelques ingrédients.
Alors nous avons mâtiné notre lapin de l’essence sulfureuse d’un autre personnage imprévisible et dangereux. Le Joker qui pourchasse inlassablement le héros chauve-souris, Batman ! Notre brute épaisse devenait ainsi subtile et machiavélique.

L’effet d’angoisse : un clown aux tendances psychotiques du Joker de Batman

« Wanna know how I got these scars ? »- The Dark Knight

Oui, Peter Pan Pan le lapin péteur tient plus encore du joker de Batman. Et même de plusieurs jokers. On peut penser à celui incarné par Jack Nicholson dans le « Batman » de Tim Burton sorti en 1989 quand il s’agit de ses prestations sur le dance floor de l’épisode 21 :

PTS01E21

… Ou bien encore à celui incarné par Heath Ledger dans « The Dark Knight » de Christopher Nolan sorti en 2008 comme en témoigne l’épisode 4 « Taddaaa, il a disparu » :

PTS01E02

L’occasion de rendre hommage à Heath Ledger qui nous a quittés le 22 janvier 2008 à l’âge de 28 ans…

Heath Ledger avait affirmé à Christopher Nolan : « Jamais je ne jouerai dans un film de super-héros ». Mais c’était avant de voir « Batman Begins » du même Christopher Nolan, et de décider que s’il ne jouerait jamais de super-héros, il pourrait bien tenir le rôle d’un super-méchant ! Et voilà Heath Ledger qui relance Nolan pour participer au prochain opus, mais en tant que joker. Et là, il s’enferme dans un hôtel pour y travailler son rôle, trouver la démarche, la voix, le regard, l’allure de ce personnage tout en prenant des notes sur un petit carnet. Ce travail a payé car ce rôle valut au comédien d’être récompensé par un oscar posthume.

Quant aux influences de son joker, Nolan cite : « Johnny Rotten, Sid Vicious, these kinds of punk influences were some of the things we talked about. We also talked about the character of Alex in A Clockwork Orange. He’s very anarchic and yet somehow has great charisma, both in the book and in the film. We talked about a lot of different influences, and he talked about an extraordinarily diverse set of influences like ventriloquist dummies. » (traduction ici)

Alex – Clockwork Orange

On peut voir que le panel est large, mais homogène. Et ça tombe bien que Nolan évoque Rotten et Vicious, fer de lance du mouvement punk anglais de la fin des années 70. En effet, le comédien qui incarne notre Peter Pan Pan se présente sous le nom de… KingOfPunk !

Le rire de dément de notre Peter Pan Pan, ses sauts de voix dans les aigües rappellent sous une autre forme le travail vocal qu’a effectué Heath Ledger sur le Joker. Réécoutez donc le joker de Ledger parler en VO, et quand Nolan affirme : « the character spoke, with this extraordinarily unpredictable voice. The range of the voice, from its highest pitch to its lowest pitch, is very extreme, and where it shifts is unpredictable and sudden. » c’est pleinement audible !
Et notre Peter Pan Pan, en plus de sa voix caractéristique, a aussi des plans diaboliques. Son visage déchiré par ces horribles cicatrices – à la Joker donc – en fait une source d’angoisse et de terreur pour les autres personnages.

Notre méchant prend maintenant une véritable ampleur. Il ne restait qu’un détail pour se l’approprier, lui donner le coté Funky et barré qui marque la série, qu’il porte dignement le nom de  Peter Pan Pan le lapin péteur …

L’effet bonbon : Un lapin tout mignon qu’on veut serrer dans ses bras

Souvenez-vous, Panpan le lapin est le fidèle compagnon de Bambi. Rappelez-vous ce petit lapin aux regard tout doux qui adore taper le rythme du pied. Ce qui lui vaut son nom anglais de Thumper et donc de Panpan en français.


« If you can’t say somethin’ nice.., don’t say nothin’ at all. »

Débrouillard, drôle et gentil, il compense les faiblesses de Bambi, pataud et maladroit et les deux animaux forment un duo prêt à affronter le monde et à nous faire découvrir une galerie d’autres personnages à travers les différents âges de la vie, pour notre plus grand plaisir. Ce cinquième long métrage de Disney est sorti en pleine deuxième guerre mondiale, le 13 août 1942. Soit moins d’un an après l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais le 7 décembre 1941.

Sortir un film montrant les horreurs de la chasse (la mort de la mère de Bambi, l’agression de Bambi par des chasseurs…) et les vertus de la paix et de l’amour, la force de la nature en plein effort de guerre américain relève quand même d’un certain courage. Même si Disney portait ce projet depuis 1935, après avoir découvert le roman « Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois » écrit par Félix Salten en 1923.

« Mais quel rapport entre ce gentil lapin et l’horrible Peter Pan Pan ? »

Nous direz-vous, puisque dès le départ, on ne peut pas vraiment dire qu’il brille par sa gentillesse !

C’est là tout l’art de la construction d’un personnage – sans vouloir reprendre la phrase de Constantin Stanislavski – : apporter à un méchant une touche humaine. Et là, vous obtenez un personnage qui n’est pas juste un obstacle pour le héros mais un antagoniste à part entière, hostile mais touchant, humain… parce qu’il mélange pulsion destructrice et attitude émouvante. Parce qu’il fait le pont entre le tendre et le brutal. Et comment s’y prend-il concrètement ?
Au fur et à mesure de cette nouvelle saison, vous découvrirez comment ressort cette autre facette de Peter Pan Pan… Mais nous ne vous en dirons pas plus !

En attendant ces révélations marquantes, retrouvez à quel Joker Peter Pan Pan fait référence dans l’épisode 5 de la nouvelle saison de Pamela Target « The Joker Party » :

PTS02E05 : The Joker Party

EXTRAIT: « Password? Look at me! I am your leader. The leader does not recite the password. The leader makes up the password, idiots. Everybody make a new password right now. The new password is: DON’T ASK THE LEADER FOR THE PASSWORD! »

Hé oui, on ne pouvait pas finir sans évoquer un autre personnage de lapin fou arrivé entre temps sur le ring de la fiction. A savoir le très drôle personnage de Pompom, méchant de « Comme des bêtes », film d’animation sorti en salle en 2016. Ce petit lapin tout mignon mais totalement cinglé est capable, lors d’un éclat de rire diabolique trop poussé, de lâcher une salve de crottes ! Même si Pompom ne s’inspire pas du joker, il a un petit côté sociopathe mélangé à une allure toute mignonne de lapin en peluche qui fonctionne bien. Un personnage différent de Peter Pan Pan mais qui comporte quelques points communs avec notre lapin péteur qui, lui, n’a pas fini de vous en faire voir des vertes et des pas mûres !

Pour conclure, n’oubliez pas : Un vrai méchant est brutal et odieux. Un méchant réussi est diabolique, charismatique, puissant, inarrêtable… Un méchant mémorable est un méchant qui a de sacrées bonnes raisons, souvent émouvantes, d’être devenu le monstre qu’il est. C’est celui que vous détestez, que vous admirez, que vous comprenez et qui vous touche !

Et vous, que pensez-vous de Peter Pan Pan ? Accepteriez-vous son invitation à dîner ? Et sinon, quel est votre méchant le plus mémorable ? Venez partager vos avis en nous écrivant un commentaire.

A bientôt,
La PT-Team